vendredi 16 janvier 2009

Tout est là...


Premier réveil dans le sahara. Il a fait froid, très froid. Deux polaires, deux couvertures, casquette, mitaines et bout du nez gelé... Le vent nous joue des tours. Tantôt il pousse les nuages, tantôt il les amène.
Car cette nuit, je me suis endormie en regardant les étoiles et ce matin, il fait gris. Ce n'est donc pas la soleil qui m'a réveillée mais le feu qu'El Kheir avait préparé pour le thé du matin. Puis départ toujours dans le froid.
Sur la route, on s'est arrêté dans un campement touareg. Des familles retirés du monde au milieu de nulle part. Ils continuent leur vie de nomade sans céder à la tentation de la sédentarité, les maisons en dur construites par le gouvernement algérien, l'électricité et les paraboles.
Dans le camp il n'y a que les femmes et les enfants, les hommes sont à la ville pour travailler et reviennent toutes les 3 semaines. Elles sont seules, livrées à elles-mêmes avec leurs gosses et quelques chèvres.
Quand on est repartis de la-bas, j'ai mesuré l'ampleur du décalage entre leurs vies et la mienne...
On est partis pour aller visiter la région de Traddrat qui est magnifique d'après El Kheir et que je ne connais pas du tout.
Le décor qui nous mène vers Taddrart pourrait servir à un excellent remake de la planete des singes. On est sur le plateau, de la rocaille à perte de vue, pas de plante, pas de vie, même pas de sable... Un désert dans le désert... Manquent plus que Zira et Cornelius...
Quand soudain, le sable. Les sables, plutôt. Du noir au rouge, du orange au jaune, du blanc, du gris, le décor est irréel jusqu'à la sortie du plateau, étrange frontière entre le rien et Taddrart, al région dans laquelle on pénètre tout de suite après. Majestueuse et prometteuse. Je sens qu'on va bien kiffer ces 5 jours de bivouac, même si le temps est un peu capricieux...
En fin de journée, on a trouvé une grotte dans le "coin des lions" (Ouane Ahar) à l'abri du froid, du vent et éventuellement de la pluie vu comme c'est parti.
On a installé le bivouac. Il n'y a que nous, Taddrart et ses gros rochers silencieux qui font divaguer l'imagination.
Quand un autre "soudain" arrive juste avant la tombée de la nuit. Un 4x4 débarque de nulle part et s'arrête devant notre grotte. Ce sont trois potes d'El Kheir avec une touriste française qu'on a fini par surnommé Aïcha... Heureux hasard.
Ce soir nous recevons dans le désert. C'est El Keir qui fait la cuisine.
On a mangé, bu du vin chaud aux mandarines et au miel, chanté, joué de la musique et le ciel se dégageait petit à petit. Comme par magie. Il fait doux, presque chaud et j'ai cette phrase dans la tête qui m'a suivi toute l'année dernière quand je voulais éviter de penser à hier ou à demain "Tout est là".
Ce soir, je le complète comme une sorte de haïku touareg :
Tout est là
et le reste est ailleurs...